La question des addictions abordée avec les homologues tunisiens

Mercredi, 5 octobre, 2016

La question des toxicomanies aussi abordée lors de la mission en Tunisie

Les remèdes à apporter aux problèmes de santé publique que sont la consommation de drogues ou d’alcool et les législations qu’il convient d’adopter dans ce domaine sont d’actualité en Tunisie comme chez nous.

Dans le cadre d’un échange entre la Belgique et la Tunisie, organisé par la FEDITO BXL, le président de la société tunisienne d'Addictologie, Monsieur Nabil Ben Salah, a exprimé mardi devant la ministre bruxelloise Cécile Jodogne, son souhait de voir rapidement entrer en vigueur une nouvelle législation en matière de prise en charge des toxicomanes.

En effet la loi tunisienne actuelle dissuade les toxicomanes de se rendre dans un centre médical car les médecins sont en principe tenus légalement de dénoncer leur consommation de drogue aux autorités policières, ont fait valoir différents experts du Centre d'assistance médicale urgente (CAMU) et de l'hôpital psychiatrique 'Razi' situés à Tunis.

Le nouveau projet de loi tunisien devrait considérer la toxicomanie comme une maladie chronique présentant donc un risque de rechute important. Un tel changement d'approche permettrait de lever les tabous en Tunisie, ont estimé les experts entendus par Mme Jodogne. L'adoption de ce projet de loi permettrait de réaliser des progrès sur le plan de la santé et sanitaire, ont-ils souligné.

Le texte a déjà été examiné une première fois en commission au parlement tunisien mais les spécialistes de la toxicomanie ne sont pas tenus informés de l'évolution de la procédure, ont-ils regretté. Selon ces derniers, l'opinion publique n'est pas encore prête à un tel changement de loi, qui est peut-être perçu comme une légalisation de la consommation de la drogue.

Entre nécessité d’aider les personnes et crainte d’une perception trop laxiste par les opinions publiques

On le constate, la tension est toujours présente, entre d’une part la nécessité d’accompagner les personnes en situation d’addiction vers des comportements plus responsables pour eux-mêmes et moins problématiques pour leur milieu de vie, et d’autre part l’opinion publique qui demande à être sécurisée vis-à-vis des comportements problématiques et craint que toute mesure visant à venir en aide aux personnes concernées ne soit perçue comme trop laxiste.

La ministre Cécile Jodogne a fait remarquer que «la question de la légalité autour de la problématique de la consommation de drogue suscitait également des clivages en Belgique».

Des échanges bilatéraux pour avancer sur les solutions

La consommation de drogue et d'alcool est en nette augmentation en Tunisie, constatent l'équipe de la société tunisienne d'Addictologie. Un projet d'échanges autour de la problématique de l'alcool, des drogues et des addictions a été mis sur pied dans le cadre d'une programmation bilatérale Tunisie-Wallonie Bruxelles. Le projet est mené par la Fédération bruxelloise francophone des institutions pour Toxicomanes (Fedito). Une rencontre entre les partenaires a été organisée en mai dernier à Bruxelles. Une nouvelle rencontre sera organisée du 23 au 29 octobre prochains à Tunis.