En cette veille de « journée mondiale de lutte contre le Sida », la Ministre bruxelloise de la Santé, Cécile Jodogne a présenté, aux côtés de Sid'Aids Migrants, de l'Observatoire du Sida et des Sexualités et de la Plateforme Prévention Sida, un nouveau projet appelé ACTION TEST. Ce programme de dépistage rapide du VIH a la particularité d’être décentralisé et communautaire, et s’adresse aux migrants d’Afrique subsaharienne.
Depuis le début du mois de novembre, des séances hebdomadaires de dépistage du VIH sont organisées à Bruxelles, dans un lieu qui garantit l’anonymat, la confidentialité et la gratuité. Au-delà des permanences de dépistages, ce projet comprend aussi des actions de sensibilisation (groupes de discussion, séances de prévention, etc.), la production d’outils de communication (spots radios et vidéos, événement pour la St Valentin, etc.), le recrutement et la formation de bénévoles, la mise en place d’un comité de pilotage et la création d’un réseau associatif communautaire de santé sexuelle.
« J’ai souhaité soutenir ce projet de proximité car il s’adresse à une population particulièrement exposée au virus et ayant un accès restreint aux structures médicales classiques. Cependant, pour pouvoir agir au plus proche des publics concernés, il faut que le Gouvernement fédéral finalise dès que possible les mesures nécessaires pour permettre le dépistage démédicalisé du VIH» explique Cécile Jodogne.
Bruxelles, une région fortement touchée par l’épidémie
En 2015, 1001 infections par le VIH ont été diagnostiquées en Belgique, soit 2,7 nouveaux diagnostics par jour en moyenne. A elle seule, la Région de Bruxelles-Capitale (RBC) concentrait 31% des diagnostics pour lesquels la région de résidence est connue, pour seulement 10% de la population belge.
L’épidémie du VIH en Belgique est concentrée essentiellement dans deux populations :
- les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) de nationalités belge ou européennes
- les personnes qui ont contracté le virus via des rapports hétérosexuels et provenant de pays d’Afrique subsaharienne
Les Africains d’origine subsaharienne, une population particulièrement exposée au risque
Les migrants originaires d’Afrique subsaharienne sont particulièrement exposés à un certain nombre de facteurs de risque augmentant leur vulnérabilité par rapport à l’infection au VIH. Dans un premier temps, la prévalence élevée dans le pays d’origine et dans les communautés d’accueil les exposent davantage à ce virus. Dans un second temps, les situations de précarité rencontrées pendant le parcours migratoire ainsi qu’à leur arrivée (absence de permis de séjour, absence de logement stable, etc.) limitent leur accès à la prévention, au diagnostic et aux soins.
Les données concernant les dépistages montrent également un recours insuffisant et tardif au dépistage du VIH et des autres IST au sein du public des migrants d’origine subsaharienne et de la population africaine dans son ensemble.
26% des patients diagnostiqués en 2015 dont la nationalité est connue sont de nationalités africaines. Le nombre d’infections est en baisse constante, diminuant de 13 % par rapport à l’année 2014, mais cela s’explique par une diminution du nombre de diagnostics. Chez les personnes originaires d’Afrique subsaharienne, c’est la transmission par contact hétérosexuel qui est prédominante et les femmes sont les plus touchées : elles représentent 74% des diagnostics dans ce groupe.