Editos

16/06/2017

budget et tabagismen accises sur le tabacIl semble que l’imprévoyance budgétaire sème la panique dans les rangs de la majorité fédérale, au point d’imaginer de sinistres spéculations aux dépens de principes élémentaires de santé publique.

Le Ministre des finances N-VA, sans dire qu’il faut diminuer les accises sur le tabac, ou plutôt après l’avoir dit, et après avoir dit qu’il ne l’avait pas dit, estime finalement que la question des accises doit être analysée «sans tabou»!

Le MR quant à lui enfume déjà les mesures scandaleuses qui pourraient être prises. Le chef de groupe MR de déclarer dans le Soir+ : « A ce stade, je ne dis certainement pas qu’il faut baisser les accises. Je dis que je ne veux pas encore prendre position. Je le ferai à partir du moment où l’on disposera des données précises évoquées ci-avant.»

On l’a bien compris, N-VA et MR ne peuvent s’empêcher d’y penser, la cigarette pourrait adoucir leurs contraintes budgétaires. L'hypothèse d'une réduction des accises afin d'augmenter à nouveau la consommation de tabac et donc les recettes sur les accises n'est pas écartée.

Quelle absurdité ! Faut-il donc leur rappeler que le tabagisme et les problèmes de santé qui lui sont associés représentent un coût annuel de près de 3 milliards pour la collectivité. Les coûts directs, constitués essentiellement par les soins médicaux, représentent 713 millions d'euros!

Stop au cynisme ! Même si un prix élevé de la cigarette ne décourage que 2 à 4% des fumeurs, ce sont des milliers de vies sauvées !

Cécile Jodogne

 

27/03/2017

L'Europe ne peut se détourner de son destin politiqueL’Europe a 60 ans, c’est peu dans l’histoire des nations, c’est beaucoup dans le temps de la paix. 

Aujourd’hui vilipendée par les partis nationalistes d’extrême-droite et anti-mondialistes d’extrême-gauche, l’Europe fait depuis plus d’une dizaine d’années l’objet de critiques sans nuances. Il se révèle de plus en plus difficile de se faire entendre sur le sujet en dehors du «tout ou rien ». Ou bien vous êtes pour l’Europe et vous êtres «progressiste-libéral» ou bien vous êtes contre et vous voilà «souverainiste-populiste».

Comment en est-on arrivé là ? Depuis 1957, annonçant les trente glorieuses, l’Europe des pères fondateurs s’est construite comme outil économique de la croissance. Insidieusement, depuis la fin des années 80, la Commission a donné l’image d’un pouvoir au service d’une idéologie ultralibérale qui n’a rencontré aucun contrepouvoir réel, ni celui des mouvements syndicaux, ni celui de la critique intellectuelle. Cela même alors que la dynamique de croissance avait fait place à des crises successives.

En l’absence de dialectique avec la société civile et d’investissement critique des intellectuels, les frondeurs antisystème ont confisqué le champ d’expression du sens commun pour imposer des propos radicaux qui essaiment dans une classe moyenne fragilisée par les crises successives. En même temps, les gouvernements nationaux eux-mêmes, reconnaissent rarement ce que l'UE apporte aux Etats membres. L’attrait des dédouanements faciles les rend enclins à faire de l’UE un bouc émissaire de choix.

Dans pareil contexte l’estompement du sentiment d’appartenance à l’Europe ne peut étonner.

Pour relancer la construction européenne il faut oser la refonder comme véritable pouvoir politique affirmé, interlocuteur des mouvements sociaux et des mouvements citoyens. Les institutions européennes doivent endosser l’habit de dirigeants politiques et adopter la culture qui va avec, celle de la négociation et de la concertation sociale. Ne pas entamer cette transformation ne peut aboutir qu’à une perte totale de légitimité et au blocage des processus de décision par des intérêts nationaux ou régionaux qui se revendiqueront, légitimement ou pas, porte-paroles de la société civile.

L’apport et l’expertise du lobbying est important mais il ne peut suffire à fonder une décision politique et à pérenniser l’institution politique européenne.

L’une des conditions sine qua non pour aller dans cette voie est évidemment la fondation d’une véritable Europe fédérale avec un exécutif qui soit l’émanation de son parlement et une répartition claire des compétences entre les Etats membres et le gouvernement fédéral européen. Après plus d’un demi-siècle, c’est de mieux d’Europe dont nous avons besoin. Les élections de 2019 seront un moment historique pour l’émergence de programmes fondateurs et courageux pour une Europe forte de ses acquis.

Dans l’économie globalisée que nous connaissons aujourd’hui et au sein de laquelle nos entreprises et startups doivent se développer, l’Union Européenne est la seule option. Car seul un marché unique de 500 millions d’européens est significatif à l’échelle mondiale pour les exportations et les importations de biens et services, et bien sûr pour attirer les investisseurs. En termes d’influence politique, seul l’UE peut asseoir sa crédibilité dans le concert des grandes nations.

Pourquoi cet espoir de la place que peut prendre l’Europe dans le monde est-il perçu par les citoyens européens comme une menace plutôt que comme une chance à saisir ? D’abord parce que l’UE n’est pas suffisamment lisible en tant qu’instance politique pour les raisons invoquées plus haut. Ensuite en raison de la prédominance de la valeur liberté dans un contexte géo-politique vécu comme menaçant par bon nombre de citoyen. L’Europe des libertés, de l’ouverture sur le monde doit aussi devenir l’Europe qui protège, qui régule, qui donne une image claire de son territoire, pour ses citoyens comme pour les migrants ou les réfugiés. L’UE doit avoir une politique frontalière et d’accueil des réfugiés claire.

L’Europe doit devenir une véritable puissance politique soucieuse de sa sécurité intérieure et de sa défense. C’est vital pour l’avenir de tous les peuples d’Europe d’unir leurs moyens dans ces domaines. C’est vital pour l’accomplissement de l’idéal de paix et de coopération énoncé en 1957.

Cécile JODOGNE

16/02/2017

Rémunérations injustifiées, concentration du pouvoir aux mains de quelques-uns, nébuleuses d’instances incontrôlées, autant de dérives qui choquent. Le scandale Publifin et les révélations qui ont suivi posent la question de la gestion des mandats publics en même temps que leur retentissement entame la confiance des citoyens.

En tant que responsable politique, je tiens à partager avec vous mon opinion et mes propositions.

D’abord, et j’estime utile de le rappeler, il s’agit d’argent public ou émanant de structures de gestion qui se sont développées grâce à des garanties publiques. L’argent public résulte de l’effort de tous et doit être strictement affecté à des politiques publiques. Dans le cas Publifin, les principes élémentaires que sont la prédominance de l’intérêt général et la modération des intérêts particuliers ont été bafoués. C’est insoutenable pour les contribuables que nous sommes.

Le manque de contrôle sur les prestations effectives et les rémunérations est inadmissible pour le citoyen-contribuable. Tous les exécutifs du pays doivent apporter une solution à ce manquement en instaurant des moyens de contrôle et la publicité des rémunérations.

Il est grand temps de se donner les moyens légaux d’imposer la transparence, à la fois sur les prestations des mandataires (rapports annuels d’activité des organes de gestion) et sur le montant des rémunérations, cumulées ou non.

Plafonner les rémunérations cumulées de chaque mandataire est un garde-fou indispensable pour que leur importance reste compatible avec les valeurs civiques qui président au prélèvement de l’impôt. En Région bruxelloise, dès 2006, le plafond a été fixé pour chaque mandataire public à 150% de la rémunération d’un député. Il y a lieu d’appliquer cette ordonnance et surtout d’opérer les contrôles utiles.

Quant au cumul, faut-il le bannir aveuglément ? Je ne le pense pas. Exercer des fonctions en relation avec des compétences précises constitue souvent une contribution bénéfique pour l’efficacité des politiques menées: échanges d'expériences, connaissance du terrain, liens entre matières complémentaires, expertises professionnelles, etc. D’une manière générale, je l’ai constaté, la majorité des mandataires ont acquis une expertise en gestion publique au fil de leurs expériences.

Il me semble aussi justifié que celles et ceux qui exercent des responsabilités au sein d’organes de gestion puissent être rémunérés justement en relation avec le temps réellement presté.

Mais outre les deux balises du plafonnement des revenus et de la transparence, il faut vérifier l’absence de conflit d’intérêt lors de l’attribution des mandats, en prenant comme pivot central le mandat électif direct. 

Mon opinion et mes propositions dans ce domaine reposent sur un principe : la modération. Modération des rémunérations. Modération dans la multiplication des techniques de gestion publique, elles doivent rester transparentes et conformes à une société démocratique. Modération dans la concentration des mandats : dans ce domaine aussi les talents et les expertises sont divers, chaque élu doit pouvoir apporter sa contribution.

N’hésitez pas à interagir via les réseaux sociaux ou mon site web jodogne.be

Cécile Jodogne