Editos

20/07/2018

Les sanctions Google : pas d'opportunismeGoogle est donc une nouvelle fois sanctionnée par l’UE pour ses pratiques d’abus de position dominante. On entend deux sons de cloches. Certains soulignent cette aubaine financière pour l’Europe et ses pays membres. D’autres s’enthousiasment de cette action qualifiée de politique qui mettrait de l’ordre dans la nouvelle économie, un nouveau monde sauvage dirait-on.

Aucune de ces lectures des sanctions de la Commission n’éclaire suffisamment la complexité des enjeux. Y voir une opportunité financière est tout simplement dégrader l’action de la Commission et c’est peu honorable pour les Etats membres supposés y trouver un intérêt immédiat dans le contexte post-Brexit. Et par ailleurs se féliciter béatement de la sanction est méconnaître la nature des changements de paradigmes qui influencent les relations entre les acteurs technologiques, économiques et commerciaux au cœur de ces éco-systèmes.

Il est temps d’avoir la clairvoyance de reconnaître l’installation durable et irréversible de nouveaux acteurs économiques qui de par leur modus operandi ont instauré de nouveaux rapports économiques pour la production de plus-values.

Les précurseurs qui laissent ouvert et libre l’accès à tout ou partie de leur innovations, acquièrent une position centrale, voire dominante, et leur développement en rhizome permet à une quantité d’autres acteurs d'émerger en tant que potentiels nœuds de développement.

La position dominante dont il est question est donc constitutive de la dynamique à l’œuvre. C’est ce développement nodal qui permet l’émergence des startups prestataires de services. Les innovations réalisées permettent d’ailleurs, entre autres, une gestion publique plus en phase avec les besoins et plus efficace, je pense notamment aux applications smart cities.

Demain, d’autres sociétés tomberont inévitablement sous le coup des sanctions. Se contenter de sanctionner sans entrer dans une logique collaborative avec les acteurs concernés pour favoriser l’élaboration de solutions, c’est prendre le risque de voir nos actions réduites à la recherche d’opportunités financières. Eviter cet écueil, c’est vouloir donner à l’Europe et à tous les Etats membres un rôle central à jouer pour une meilleure intégration démocratique de la nouvelle économie.

Certes il faut réguler, réglementer. C’est le rôle de la Commission et l’Europe montre à quel point elle peut être leader en matière d’éthique démocratique et de protection des libertés individuelles dont la protection de la vie privée est un fondement. Le Règlement Général pour la Protection des Données (RGPD) en est exemplaire. Nous montrons ainsi notre capacité à mettre en place des contrepoids efficaces face aux excès de cette nouvelle économie. Car l’enjeu est aussi idéologique face à l’offensive des radicaux du néolibéralisme qui instrumentalisent la dynamique attractive de l’innovation au profit d’intérêts particuliers.

Cécile Jodogne

11/07/2018

Cécile JodogneAvec une loi qui pénalise lourdement les femmes et les médecins au prétexte de sortir l’IVG du code pénal, le gouvernement de Charles Michel se moque de nous! Je suis scandalisée: l’IVG ne doit tout simplement plus être considéré comme un délit.

Le recours à l’avortement est un droit des femmes. Il est temps en 2018 de réaffirmer par le biais de la loi qu’au contraire d’un délit, l’avortement est un droit des femmes à disposer de leur corps et à choisir leur vie.

L’histoire nous aide à mieux comprendre le blocage du MR, de la NVA, du CD&V et de l’Open VLD, raliés par le cdH. En 1982 déjà, les députés conservateurs s’opposèrent à une proposition visant à suspendre les articles qui pénalisent l’interruption volontaire de grossesse. Le texte, pourtant soutenu par les tous députés FDF-RW, les députés PS-SP, les écologistes et certains élus PRL, fut rejeté de justesse, au grand malheur des défenseurs des droits des femmes. En 1990, les progressistes ont obtenu une dépénalisation partielle de l’IVG, une avancée certes historique à l’époque… mais bien insuffisante aujourd’hui.

Cette semaine, pour faire barrage à une proposition de loi visant à sortir l’IVG du code pénal, la majorité fédérale sous l’influence de la NVA et du CD&V réitère la même action de blocage qu’en 1982 avec une proposition de loi inique et infamante pour les femmes.

On peut voir dans l’attitude du MR une stratégie de protection de la majorité fédérale. J’y vois surtout le mépris d’une question centrale dans le combat des femmes. Iraient-ils jusqu’à jusqu’à surseoir au principe de liberté des parlementaires sur les questions éthiques lors du vote en séance plénière ?

Le texte législatif de la majorité pénalise l’IVG pour sortir l’IVG du code pénal ! On ne peut faire mieux en matière d’hypocrisie et de tromperie.

Maintenir les peines est sans importance nous disent-ils : on ne poursuit plus. Mais alors pourquoi une nouvelle loi qui pénalise les femmes et les médecins ? Une loi pour que les juges ne respectent pas la loi ?

Ne nous leurrons pas, cette réactualisation du volet pénal dans une loi spéciale n’est rien d’autre qu’une nouvelle atteinte des milieux conservateurs à la liberté et à la dignité des femmes.

Plus que jamais nous devons réaffirmer l’indispensable sortie de l’IVG du Code pénal et le vote d’une loi qui ne considère plus l’avortement comme un délit. La France a institué l’IVG comme un droit. Le Luxembourg l’a sorti du Code pénal. A quand le tour de la Belgique?

Cécile Jodogne

29/03/2018

Formations réagir face à l'urgenceBientôt, les formations citoyennes «apprendre à réagir face à l’urgence» accueilleront à nouveau des centaines de Bruxelloises et Bruxellois désirant se former à mieux réagir pour porter secours à autrui et pour faciliter l’intervention des secours. Vous serez informés des modalités via une campagne d’affichage, les médias, les réseaux sociaux.

C’est d’un grand réconfort de savoir que nombreux sont celles et ceux qui désirent s’engager pour apprendre à aider et à porter secours. L’année dernière, nous avons réorganisé les formations pour accueillir plus de citoyens.

L’engagement et le courage s’imposent à nouveau comme valeurs démocratiques. Ce sont habituellement celles des professionnels du secours et de la sécurité; elles peuvent aussi nous habiter en tant que citoyens. L’organisation de ces formations va dans ce sens en offrant à tous les participants la possibilité de se préparer à aider l’autre grâce à une démarche raisonnable, apprise et concertée avec des professionnels du secours.

Ces engagements citoyens aussi ponctuels et circonscrits qu’ils soient nous permettent de donner du sens à nos vies, de créer du lien avec les autres et avec l’avenir. Les formations « apprendre à réagir face à l’urgence » nous permettent de poser un acte au-delà de nos intérêts immédiats. Une manière de consacrer quelques heures à un engagement gratuit.

Renforcer l’engagement et le courage au cœur de la démocratie est dans la continuité de l’indispensable amélioration de l’être-ensemble. Puisse cette initiative des formations au secours y contribuer quelque peu.

Cécile JODOGNE,
secrétaire d’Etat en charge de l’aide médicale urgente
et de la lutte contre l’incendie.

Quelques liens :