8 mars : Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement

Jeudi, 7 mars, 2019

C’est le thème de cette Journée internationale des droits des femmes. Pour ce faire, ONU Femmes encourage à travailler spécifiquement sur les actions du service public, la sécurité de revenus, les espaces sécurisés et la technologie.

Cette journée du 8 mars est l’occasion de faire un bilan sur l’avancement des droits des femmes dans nos sociétés. Une cause brûlante, en Belgique, à Bruxelles, vraiment ? En effet, le pays dispose d’un arsenal législatif pouvant garantir une égalité en droit aux hommes et aux femmes. Des situations de tous les jours nous prouvent pourtant le contraire. Même si la Belgique est considérée comme une bonne élève en la matière, en 2016, pour un même travail effectué, les femmes gagnent toujours 6,1% de moins que les hommes. Autre fait, les violences et harcèlements persistent encore dans l’espace public. En outre, parmi les diplômés des facultés scientifiques, technologiques, d'ingénierie ou de mathématiques, la représentation des femmes n’atteint que les 25%. Ou encore, sur 6 membres d’un conseil d’administration d’entreprises du secteur TIC, seulement un est une femme.

Evidemment, nombre de mesures ont été et continuent d’être mises en place. En matière de technologie, dans le cadre du plan NextTech, wib.brussels, la plateforme de l’entreprenariat au féminin a lancé le Woman Code Festival, premier festival de codage au féminin d’Europe. Résultat ? Plus de 1.800 femmes concernées. Le même wib.brussels qui organise, du 11 au 15 mars, la Semaine de l’entreprenariat au féminin. Avec ses 3.500 femmes touchées en 2018, les signaux sont encourageants. D’autant plus que, durant les 5 dernières années, le nombre de femmes entrepreneures a augmenté de 16%, tandis que le nombre d’hommes marquent une augmentation de 15%. Les femmes ne représentent toujours que 34,5% des entrepreneurs mais leur augmentation plus forte que celle des hommes est un cap symbolique.

Autre chiffre symbolique : au Service d’Incendie et d’Aide Médicale Urgente, le taux de femmes pompiers a augmenté de 200%, combien de femmes en plus me demanderez-vous ? Huit. Nous étions à quatre et nous sommes aujourd’hui à douze. Comme je vous le disais, la situation progresse mais il reste encore beaucoup à faire.

Début 2017, plus de 17.500 femmes excisées vivent en Belgique, 8.342 sont en situation de risque d’excision. Le travail de prévention, de sensibilisation peut leur éviter ces mutilations atroces. Ce travail est fait par le Groupe pour l’Abolition des mutilations sexuelles féminines (GAMS). Depuis 2018, avec la Commission Communautaire Française (Cocof), nous soutenons le GAMS pour qu’il coordonne le réseau bruxellois de stratégies concertées de lutte contre les mutilations génitales féminines. Pourquoi est-ce important ? Aux côtés de la nécessité de sensibilisation, un des grands problème de la gestion des mutilations génitales féminines est le manque de coordination entre professionnels de la santé, politiques, publics cibles et acteurs de terrain. Le réseau vise à - du moins partiellement - combler ce manque.

Toujours en promotion de la santé, la Plateforme pour Promouvoir la Santé des Femmes (PPSF) place les interactions du milieu de la santé sous la loupe du genre : elle vérifie que les femmes en situation de précarité ne sont pas défavorisées lors de la mise en place de pratiques médicales. Pour cela, le PPSF favorise l’échange entre interlocuteurs du secteur (médecins, associations, aides médicales, femmes en situation de précarité, politiques, etc.) pour développer ou redéfinir, de la manière la plus juste, les soins de santé. Par ailleurs, la plateforme publie des référentiels d’auto-santé pour permettre aux femmes de prendre soin d’elles et de leur entourage correctement, durant les temps externes aux consultations médicales.

Rappelons aussi le Plan intra-francophone de lutte contre les violences conjugales et intrafamiliales, soutenu par la Cocof et la Région wallonne, visant à rendre accessible 24h/24 et 7 jours sur 7 la ligne d’écoute violences conjugales.

Nous sommes en bonne voie mais il ne faut pas nous arrêter là. Si la situation est, en pratique, loin d’être parfaite, il faut mettre en valeur notre modèle théorique à l’international. C’est pourquoi, lors de mes missions économiques à l’étranger, je mets l’accent sur les opportunités qu’offrent les femmes au secteur entrepreneurial.

Qu’il s’agisse de rencontres avec des femmes sénégalaises soutenant l’autonomie financière (sous forme de micro-crédit) des femmes leaders, entrepreneures ou dirigeantes de grandes entreprises ou de PME, par le biais d’un réseau de femmes professionnelles et d’un fond d’investissement – sous forme de capital privé – créé par et pour les femmes. Ou encore de programmes tels que celui mis en place lors de notre dernière mission au Maroc : un éventail d’activités mettant en lumière la plus-value de l’implication des femmes dans l’entreprenariat au niveau du développement humain et économique.